13 décembre 2023

Soudainement,
le bois n'est plus orfèvre,
les orpailleurs ont quitté
   chemins

 

 

19 novembre 2022

au café “les égarés”
des dents s'effacent
et des mots fleurissent;
le patron rêve en Yakuza.

un homme petit, promène
au dos de son manteau,
en lettres blanches brodées,
Mustang.

sous main matrone
valsent torchons et sèchent verres;
sur le haut d'une étagère,
deux poissons vivants observent.

en bout de comptoir
et d'une manche retroussée,
dépasse un nu d'avant bras,
et griffures et pansements

au guichet à gratter,
les espoirs sont patients
et les avions, 
et les petits enfants.

le sol est blanc-balai.
côté frigo, rouge-lino;
il se brise en craquelures.
au mur et sur écrans,
amigo coche cases,
Luciani lance grenade.


 

27 octobre 2022

de quel pays la cadence,
de cales ou de tréfonds ?

au matin petit,
nous voilà charbon
avec nos pas, nos bras
et nos lèvres pendantes.

les tapis volent,
et sifflent les aiguillages.
ils invitent voyages.
enfin, machine exhorte.

une coque de noix passe,
gréement de papier,
nous y jetons à la va vite,
des rêves petits , des regards chauds;
un geste de la main.

on la voit qui vogue encore;
mais à l'aiguillage sifflant,
au virage suivant,
la coquille de noix est tue
sous les pas
de soldats à casques d'or.

au virage suivant,
la voilà tue,
la voilà pas.

 

27 octobre 

sourcils épais,
craquelures,
et mains de terre,
au bout des mottes,
les doigts.
ça chante ivresse dans les champs,
ça parle langues et sueurs,
lointains et mers d'Islande,
et tatouages salés et enfant oublié,
et ça dit
jupons et jurons,
poésies de gros mots,
genoux et bas de dos.
et ça silence aussi,
ça silence à zénith.

nos vins auront à dire,
à dire et à valser.

 

25 août 2022

plaines tant pis ;

des yeux vieux n'auront su
vaste, grand large,
dire poussières,

n'auront su, non plus,
dos tourné,
offrir mots grand angle,

sauf maquiller Chamane
de boues et de sables,
le visage ou le front.

plaines tant pis ;

des yeux vieux n'auront pu
désir avouer de goûter
du corps et des épaules
entre pierres là,
sables goûter,

n'auront pu dire
au creux, au vide
dire, au creux
Hosanna,
Hosanna !

plaines tant pis ;

des yeux gris n'auront su louer
souffles battants,
n'auront su louer
au levé, au couchant,
herbes pauvres et or,
courant
ton dos de plaines tant pis.

non n'auront su.


 

 

31 mai 2022

Mains plongées en mottes,
fleurs fanées par brassées,
vous n'aurez aujourd'hui,
mesdames à vos ongles pétales.

Sachez-le, sous soleils,
fronts perlants,
nous fleurissons fantômes,
d'entiers champs de juillet.

À cueillir bas et goûter terres,
nos doigts et nos mains noirs,
fermes empoignent coroles et fenaisons,
emplissent corbeilles de myriades.

Les feuilles craquent,
les fleurs abdiquent ;
les voilà qui volent en poussières.

Mains plongées en mottes,
fleurs fanées par brassées,
vous n'aurez aujourd'hui
Mesdames


 

28 février 2022

j'ai vu 
corps et consciences,
Ô grâce
s'ébrouer

J'ai vu, 
chants souples
et amples mélodies
à sueur louer,
liberté, liberté chérie.

Des masques et des peaux,
de plumes et de poils,
Chamanes !
à terre choir
et battre poussières,
des animaux,
défiants, haletants
volants et trébuchants,
des corps d'hommes et de femmes,
des hurlants jouant de gravité,

dans la danse !
j'ai vu.





13 février 2022

J'irai goûter,
corde lâchée,
Betelgeuses,
et demains-promesses
à l'horizon des houles d'hiver.

Au gré du corps,
rivages perdus,
à l'ample paysage,
j'irai,
nager en vaste,
puis à envie plonger;

coquille,
de crêtes en écumes,
aux larges bleus,
gris horizons
et verts opaques,
sur le dos j'irai;

en fétu d'homme,
de vagues à la merci,
engourdi,
j'irai nu et saoul,
de mon désir saoul,
demain te respirer;

à l'horizon des houles d'hiver,
tremblant j'irai,
louer lointains,
demains-jalons,
les temps compagnons.

Corde lâchée,
j'irai

 



7 février 2022

Dos rond,
paupières closes,
la Montréjeau-rideaux-tirés
brille aux petites heures
lumières de peu.

Au pied de l'hôtel,
d'un rien royaume,
chambres côté montagnes,
j'ai vu dans la pente vu,
cube à petites roues,
voiture de peu, rangée là.

Un père,
en décennies égaré,
et siècle aussi,
en fit le tour
et prit sans permis,
la place du pilote.

À droite, sur le trottoir,
petite fille,
bardas d'école sur le dos
et pantalon trop argenté,
trépignait,
d'impatience assurément.

Astronaute de peu,
elle attendait d'accéder
Ô joie,
au vaisseau du capitaine papa.

 



 
9 janvier 2022

Le long des chemins,
à l'entre chien et loup,
mes arbres sans pitié,
vigiles alors
déjà se parent
de collants ou de gants
aux cuirs ajustés.

Les voilà sentinelles
à la tombée,
dos au ciel métal,
se courbant,
s'étirant,
se grandissant alors,
puis griffant à ton passage.

Rideau.
Nuit sans jour est née.

Aveugle,
elle s'amuse de tes bras
au devant tendus,
de tes yeux-vanités,
tout ouverts,
et là, sur ta droite,
deux-trois hiboux hou-houent.

Cette nuit apatride,
se joue de lumière.

Aube écailles.
En haut des bambous verts,
à gauche, timide,
l'air fredonne,
mais sur crêtes entonne,
il caracole,
il lave.

Et c'est au jour couperet,
sous Cers lumière,
et os de verre,
que se dévoilent alors,
de la terre,
les visions serpes,
arrogantes peut être !

 

           ֍

 

28 décembre 2021

Ce soir je boirais à mal,
je boirais à trop,
à rock et à noir
et hurlerais
en loup Oméga
des notes fausses,
perdues
aux marges et aux lisières.

En loup pelé
j'irais déchiqueter
carcasses anonymes
vertes et cassées
à demi enterrées,
à demi sépulture,
en sauvage j'irais
et torse alcool.

À ivresse mauvaise
me vendrais,
mâchoires en terre
mains en racines,
croquer cailloux
à corne fendre,
en terre, en avenir
et poussières j'irais

En lisières interdites,
pâles nuits,
lumières tues
et feux intérieurs,
en fou pelé
dents élimées,
à mal je baverais
et à sol reviendrais.
 

       ֍

 


11 décembre 2021

De nuit,
sur vitres
du frêle esquif
a tambouriné
pluie.

A tambouriné,
à la fenêtre
de ta chambre
trombe
Océan.

S'y est jetée eau,
de crêtes et de houles
voyageuse,
de nos sommeils.
curieuse.

Ma bonne amie,
au tiède esquif,
à la furieuse averse,
et sur éclisse droite,
abandonnée,
tu offres toscane,
image monochrome,
vivant vallon,
collines et hanches salées.

Cette nuit,
sur vitres
du frêle esquif,
ont tambouriné
pluies,
pluies
et trombes
océanes
 

 


24 novembre 2021

Matin-pluie,
peaux de nuit,
de dos et sans cou,
mes compagnons
de capes sombres
vêtus,
et mains dociles
cachées,
passent en revue
les arbres ouvriers
ployant.

D'un corps-un,
ils avancent lourds
bottés de terre,
les épaules discrètes.

Mais bientôt, tous,
entiers plongeront
dans l'intime du fruitier,
en légions étrangères,
et langages du monde.


 



6 novembre 2021

Va vers,
dans les rames de trains
et dans les allées bondées.

Va vers !

Vous allez,
Madame vous allez,
où rien ne triche,
ni même vos épaules Madame,
de désillusion vos épaules,
pas moins vos cheveux,
dans les rayons longs.

Madame,
vos pas se trainent,
au rayon wasabi se trainent,
vous perdent en paradis,
et disent vos pas Madame,
en allée B,
vérités déchues disent.

Vous allez,
Madame vous allez,
où rien ne triche,
ni même vos épaules Madame.

Madame-vos-épaules je vous aime,

Je va vers vous Madame.

 


31 Aout 2021

Sur vitre blême
Offrant Est verdoyant
D’un train cannibale
Un homme butte.

Du corps et du front
Sur l'invisible il butte
Et sur l’indicible terre
Donnant vin.

Ses yeux pleins
Sont pleins
De poussières couronnées,
De miels, de cyprès et de mères.

Mais l’homme droit tombe,
En secondes hectomètres
Tombe,
Il tombe au Nord,

Et sombre dans l’espoir
Vers clochers esseulés,
Loin dattiers et minarets
Il sombre.





29 aout 2021

Je la sais tapie
À l'ombre de l’œil tapie
Sous mes doigts embusquée
Sous ma langue aux aguets, la voix

Je la sais encore
De gifles et de gommes
De baillons et de hontes
Noires dotée.

Elle devance
Et devine,
Elle rature,
Elle avorte

Elle est mon intime,
Ma Voix-marteau
Ma Muselle-regard
Et mon Étouffe-mots

Elle est ma couleuvre
Au cœur nourrie
Entendez !
Entendez ma blottie





20 aout 2021

Ma maison est bitume.
Elle s'appelle trottoir.
Au pied d'arbres cerclés,
Dans la terre chétive
Poussent des herbes.

Des feuilles,
Rousses au sol,
En tas s'égarent.
Dans la rue partout
Vacarment les voitures.

Ma langue est tue,
Mes pieds sont poussières.
Ils voguent au gré,
Entre rideaux
Et remparts.

Mon bitume est solitude,
On l'appelle trottoir.





Texte du 21 mars 2020

J’habite une cabane dans un arbre.
Du lierre y pousse, des rouges gorges y font provision.
C’est un nid pour la poésie,
Pour des confinements de livres d’aventures.
Et quand le vent souffle, je me tiens aux branches.

J’habite un phare au large.
Il est beau dans la mer.
Sa lumière méthodiquement prévient du danger.
Et dit, voyez, ici est habité !
De toute part la houle cogne.

J’habite un mirador.
À ses pieds un rien d’herbe, et des chiens.
Il n’existe que dans la nuit.
Sombre squelette.
Et lumière fatale.

J’habite une palombière.
Avec les copains on compte,
Et on boit des coups.
Qu’ils viennent du sud ou du nord,
On tire sur les migrateurs.

J’habite un donjon.
Massif et carré.
Seul, j’y vis.
Ni captive.
Ni dragon.





13 mai 2021

J'ai la poitrine Tōhoku,
Les éléphants
D'un pas ample
Au fond des terres ont fui
Au fond des terres les eaux.

Et mes dents,
Cassées en bouche mes dents
Surnagent de crues
Bredouillent alerte,
Hurlent en désordre.

Puis mon poing
De pétanque mon poing,
Sur paume serré,
En bête fauve
Trace des ronds

Des ronds de murs
De murs et de poussières
Qui ne tiendront
Ni au feu ni au fusil
Ni aux fissures ni aux râles
Des ronds qui ne tiendront.

Mais, j'ai l'âme Tōhoku
Et les oiseaux déjà,
À battements d'ailes là-haut
Vers l'Ouest ont fui
Les oiseaux vers l'ouest
À battements d'ailes ont fui déjà





19 mars 2021

pour aimer,
pour aimer et manger
et dire et sourire
une bouche j'ai pour

puis une autre, autre bouche,
pour chanter et danser,
et mal-bouche entendez
pour trahir et mentir ;

puis pour apprendre,
pour apprendre, et apprendre à me taire,
j'ai savez-vous,
savez-vous une bouche j'ai pour





7 mars 2021

je ne sais que faire des bleus de ciel,
des avions en partance,
et tout haut de leurs élégances;

des soleils et des feux,
demains-lumières en promesses,
et falloir promu à l'unisson;

ni de ce râle, je ne sais,
qui des tréfonds sourd
et fomente sous ardoises,

ni du cri
oubliant qu'il est cri,
qui exulte et condamne,
et récite et sonne faux.

mais tendre,
tendre alors,
alors à l'entrave,
l’œil et l'oreille, la tempe et le sang,
et deviner en rien leçons,
muer secondes et ratures en fécondes
et rendre âme, feintes libertés





9 février 2021

Une femme et un voile,
Un voile et du sable,
Un voile et du sable dans le train-matin.

Du sable et des draps,
Au coin des yeux les draps,
Puis des peines et des peines au coin des draps.

Et des épaules en forme de lit
Délaissé le lit,
Et délaissée l'épaule.

Puis sous ce voile,
Des yeux,
Dieu et des yeux ;

Et sous terre,
Sous-sols blanc-faïence,
Où glissent
Doigts et langues
Fantômes aussi,
Du sable, des sourates,
Sourates sous-terraines.

Entendez dans ces couloirs
Sable entonner grand large,
Des poussières y voyagent !

Et des yeux encore,
Noirs, or et verts aussi
Voyagent avec,

Et courent,
Courent au devant
Au devant et après,

Où le sable glisse,
Entre les doigts
Et les mémoires glisse.

Entends le ce sable,
Qui maquille,
Maquille et parfume,
Ce sable parfume sous ce voile.





23 janvier 2021

"va vers"

Sur la marche,
Debout-droit,
je laisserais
Du haut-mur
Tomber
Un lai de mots.

Devinerais
Dans mes mains,
Le lourd et l'humide
Et veillerais
Dans la molle chutte
À la déchirure.

Arrimé enfin
Aux plâtres et fissures,
L'archipel
Vain de mots,
Matin chanterait,
Midi tromperait ;

Alors,
Doigts vides
Et bras ballants,
Debout, de la marche
Solide,
Je tendrais
Sourires encore,
À l'étreinte,
À l'étreinte de l'amante,
De l'Amante-Désillusion.





19 janvier 2021

Âmes broussailles
Sourdes à l'ivraie
Entonnent, Place !

Et l'Œil vacarme,
Qui n'entend ni croit
Invoque clair !

Des doigts bleus
Trébuchent couleurs
Qui de blanc
Qui de noir

Et des peaux,
De joie quant à elles,
Vibrent.
Vibrent ni le La.





18 novembre 2020

Il est des nus
De places de marchés,
Visages impudiques
Offrant bouches
À envies

Il est des corps
De places de marchés,
Ces  proches
Aux rires éhontés
Et mots enlacés

Il est des foules
De places de marchés,
Pleines de mains
De tiens et de miens
De bras et de doigts

Des assoiffés
De printemps d'hiver
Jaunes encore
Feuilles encore
Et soleils promis





16 novembre 2020

Sourdes images
Aux heures atones,
Entends le tiède,
Fondre à l'intime,
Dicter demain
Les pâles et
Incrédules
Ratures.


De blanc
Crissent cahiers
D'eau
Désormais rivières.





17 septembre 2020

Fermez moi les yeux,
Je ne veux au jour ravir mots,
Pelez moi la peau,
Je ne veux de vents fondre poèmes,

Mais consentir hauts murs
Et silences invoqués.

Brisez moi les doigts,
Je ne veux d'ici montrer l'ailleurs,
Et brûlez images,
Je ne veux d'ici battements taire,

Mais consentir présent,
Et poussières déposées.

Cousez moi la bouche,
Je ne veux souffle mensonge,
Bannissez paroles,
Je ne veux landes corrompre,

Mais consentir absence,
Et chaise délaissée.





15 septembre 2020

L'enfant-voyage,
Masque tombé,
A jeté ses yeux,
En pâture,

A jeté la folie
À ma vue l’effrontée,
Masque banni,
À l'écriture.

L'enfant mère
Par le poignet tenait
Le frère, l'autre
Le rire et le mal,

Et le plat des mains claquait
Là, sur le plat du dos,
Sur sa peau à elle
Et sur les voix.

Puis encore
Sur le garçon,
Pendu par un bras,
Patrie de joies et de larmes.

Et dans mon dos,
Des rires fissures
Crissaient le présent
Condamné ;

L'enfant voyage
À mon âme
A jeté ses yeux,
Hauts les cœurs !





6 septembre 2020

Eaux rivières,
Révèlent aval, mémoires
De baigneuses en négatif,

Portent en cortège,
Les jetés et engloutis,
Les corps fatigués,

Toujours disent,
En contre-bas
Vers les mers
Et les pluies,
Peaux hérissées
Et larmes camouflées.

Mais l'air,
Au jour de l'absence,
Lèvres pincées,

Garde-t-il,
L'Air,
Au jour sans,

En négatif
Forme de toi,
Argile volatil ?





29 août 2020

Un soleil lent
D'août déclinant
Mollissait galets

Un reste de rivière,
S'abandonnait lâche
Dans la pente

Feuilles feu et poussières
Gisaient en noirceurs
Et tièdes remous

Presque nu,
Je comptais mes pas,
Petits venins au sol,

Des baigneurs
Ronds et lents aussi
Prenaient la forme de l'eau.





26 Août 2020

Sais-tu
Les cellules d'encre
Qui chancellent nuits,
Vacarment présence,
Giflent au jour
Et défient les mots ?

Te vois-tu, matin,
Tôt trébuchant,
Déjà désigner
Celles qui, en vérités,
Invoquent et louent
La marche et le faux-pas ?

Comprends-tu
Raisons  dire
Ces ombres
Empoignant peaux et os
Songes et sang
Et accouchant de grimaces éhontées ?

Oui !
Car de ces obscures,
Libertés même triomphent
Laissant souvent deviner,
Par la fenêtre qui donne au sud,
Par les yeux qui donnent au coeur,
Airs et vents d'est traverser

Oui toujours !
Car d'épais murs, Écoute !
Sonnent haut parfois,
Joies musicales de vents migrateurs,
Posés là, haletants sur des berges,
À portée d'eau, de ratures et de mots

Oui, éperdument !





10 août 2020

Jour,
En pluies a versé vois-tu,
Cendres au cœur,
Épines aux doigts
Et grèves à l'âme.

A dicté, le jour,
Fugaces éclats
De riens apatrides,
D'attraits
Et de noms privés

Mais, homme plume,
Passereau d'encre,
Brûlant ciel
Et croyant trébucher,
Enfin écrit
Et mange vie





7 août 2020

Je n'ai peur
Des eaux noires et lentes
Où mollement glissent
Feuilles vertes encore
Tôt tentées par la chute,
Nageant sur le dos
Tremblant parfois sur les peaux
D'encres ou d'argent
Des froides et séculaires rivières

Je n'ai peur
Des eaux blanches,
Où hurlent à l'aigu
Enfants d'hommes, vivants alors,
Tôt tentés par la brûlure,
Nageant sur le dos,
Tremblant parfois sur les peaux
D'encres ou d'argent
Des froides et séculaires rivières

Je n'ai peur
Translucides émeraudes où
Sourdes ondulent
Nudités hérissées
Tôt tentées du verbe Amour
Nageant sous soleils
Tremblant parfois sous les peaux
De feu et de glace
Des folles et séculières rivières





4 aout 2020

Penses tu devoir attendre
Nuit babillante
Éveil mi-clos
L'Ange soudain
Chuchotant fatalités ?

Penses tu capable
Aux secondes couperet
En souffles apaisés
Sur l'insondable
Reprendre pied ?

Sache qu'au baiser
De l'Ombre gracile
Fourreau noir
Geste sans pareil
Tu ne le peux

Car insassiable Fidèle !
Garde ta main en siennes.
D'un rire, tu fissures
D'une erreur, tu supplies
D'un amour; jamais ne te lache





25 juillet 2020

D'ondes grises
Feu page blanche
De bleus et du bleu
Battements,
D'écarlates un cri,
D'algues et courants rivières,
D'ombres résistance
Jaune ployer.
Orange embrasser,
Violet répandre nuit,
Éteindre lueurs
Et couleurs étendre

Doigts en terre
Pluies accueillies,
Neiges en eaux
Eaux en dedans.
D'arbres en grâce
L'oeil témoin
L'oiseau virgule
Émoi de l'air,
En parfums croire,
Tempête emplir
Libertés battre
Et joie d'écrire





19 juillet 2020 ...

Sur terre
Je respire par milliers
Mots égarés
Bigarrés et usés
Qui ne sont plus
Langage humain.

Des oui, des non,
Cris d'animaux et chants d'oiseaux,
Murmurés, criés ou jetés,
Bus et entendus
Qui courent à perdre haleine
La campagne

Semés à tous vents,
À tout va,
Perdus souvent
Dans les champs d'éoliennes,
S'écorchant toujours
Aux doigts d'épouvantails muets.

Mais parfois sur terre
Aussi l'on tait
Paroles
Et devine alors
L'invisible qui nous vit et nous visite,
L'air de rien





15 juillet 2020

Sur la grève
Pierres en lumière
Offrent dos ronds
Gardent en elles
Chaleur de caresses

Au bord de l'eau
Les doigts sont blancs
Les lèvres bleues
Les dents claquent
Et éclatent dans la bouche

Un instant j'ai saisi
Le son mat de l'enfance
Des galets qui s'entrechoquent
Le chant net et profond
Des cailloux qui se rencontrent





15 juillet 2020

texte du 1er avril 2020

Les lettres sont d'eau.
Le ciel en est chargé, et parfois déborde.
Des alphabets tombent au sol, au hasard,
S'écrasent sur des chemins, lavent des trottoirs,
Ruissellent sur des têtes, embrassent des épaules,
Et pleurent les joies et les peines.
Des lettres libérées se rencontrent et courent la campagne.
Dans la boue, des animaux sauvages laissent leurs empreintes.





7 juillet 2020

Brûler de l'esprit
L'écho,
Aux yeux planter
Les crayons-mots
Affutés.

Embrasser
Aux jours aveugles
La rêche lumière,
Boire aux jours-affût
La crainte lumière.

Clartés
Déloyales,
Fatidiques
Et impardonnables
Qui désignent cru

L'autre sans âge
À l'ombre précaire
Sur un banc assis,
Qui s'excuserait
Semble-t-il parfois

Pauvre bougie
Brûle et vacille
Déjà aveuglée
Bientôt assassinée
De criantes blancheurs

Et sonne menue monnaie
Dans ces mains
Aux creuses épaules
Aux peureux cheveux
Clopes aux doigts

Entends les promesses
Des jours d'après,
Sombres voitures et larges roues,
Brûlures à l’œil, herses à l'esprit
Et vaines gloires.





6 juillet 2020

Taire radio
Voir lierre s'étendre
Et merles noirs,
Cette année
Nombreux,
Y faire provision

Entendre pies
Rayer silence,
Les surprendre,
Un instant
User du ciel
En noir et blanc

Découvrir au matin
Sur des fils,
Devant la porte,
Hirondelles, duvet enflé,
En partition secrète
Rangées

Taire radio
Regretter
Au sol
Cou cassé
L'oiseau crédule
D'un reflet trompé





30 juin 2020

texte du 26 mars 2020, modifié.
À Sandra, à Daniel et leur âne Cérès...
Désormais nomades.

Ce matin,
Un souffle a secoué le ciel.
Les arbres l'ont salué; ils ont sifflé à son passage.
Il venait de l'ouest ce nouveau né de mers chaudes,
Fils de plages claires,
Invisible nomade baisant les crêtes salées.
Il parcourait sans relâche les plaines profondes,
Enflait les voiles blanches d'amis-voyageurs,
Se perdait, s'apaisait,
Se cognait enfin aux rivages, se jetait aux cerf-volants,
Et répandait en bourrasques
Légendes d'ouest, de batailles et de naufrages.
Disait que par-delà l'horizon, au delà des longues vues
Existe un vaste espace métallique
Perdu entre le bleu des images et les gris d'infinies nuances.
Il arrivait chargé de ces histoires
Et les humains sur les plages en gardaient dans les cheveux.
Mais l'air jamais ne faiblissait
Aux accents de territoires,
Encore il inspirait,
Courait la campagne,
Les forêts, les champs et les villes
Et apeurait les hommes
Droits acquis en étendard.
Ça a soufflé ce matin,
C'était un vent d'ouest, plein d'océan et de vide
Je l'ai vu par la fenêtre qui donne au sud





28 juin 2020

texte du 22 mars 2020

Falloir était à l'affût dans les leçons du monde.
Il cognait parfois la tempe, parfois le coeur, ça dépendait.
Souvent poignardait, en bas, dans le facile,
Gangrenait les ventres mous,
Les pointait du doigt, et riait.
C'était drôle.

S'extraire alors.
Sans mots ni bénediction.
Des fois les murs, des fois les troncs et des fois le grand dehors.
À respirer là, à sentir les pierres sous les chaussures,
À entendre l'air sous la poitrine,
À saluer les fantômes ou à pleurer d'un Fa.

Par chance les chemins oubliés,
Les arbres en travers,
La boue, le souffle et les mains,
Par chance les murs et les mousses,
Jeunes forêts,
L'eau, les sources et les flaques. Par chance.

Et soudain, de toutes parts,
Des ondes et des écrans,
La caravane vient fouler.
Elle sort la sono, monte les watts et s'invite à l'apéro.
Elle pousse les murs, agrandit les bibliothèques, que sais-je encore.
Elle court désormais, elle danse fort, elle voisine haut et partage encore.

La voilà, cette neuve leçon du monde,
Qui déboule, qui bouscule et bousille les terriers,
Qui conjugue au présent, au futur,
Les secondes et les semaines
En héroïques origamis.
Voyez la ! Entendez la ! La Caravane !





22 juin 2020

Ils étaient six,
Peut-être huit,
En terrasse
Autour de tables assis.
Ils en avaient le droit.
Au sol, sur la terre,
Leurs chaussures aux cuirs mous,
Aux tissus sans tenue,
Aux talons en triangle usés,
Légitimaient un clan.
Le leur.

Et leurs regards,
Diamants noirs,
À hauteur d'homme,
Disaient
L'étonnement
Et l'incrédulité
Des âpres jours.
Ô La Belle Humanité
Des sombres abîmés.
Fous vos rires !
Voyez !

Des chaises crissent
L'un des six, l'un des huit
Poète saltimbanque aux grands bras,
Se lève.
Le voilà qui danse ou chancelle,
Joie panique au visage,
Et se penche enfin
Vers le vieil ami.
Pour un au revoir,
Infiniment
S'enlacent.





Non daté

Mina
Les bras croisés
Cache son frêle buste

Sur la peau
Une grise pelure
Un voile peut-être

Et je la vois qui trotte
Elle va au vent
La feuille morte





28 mai 2020

Tu resteras droit sous la pluie, souvent, dans les chemins verts et mous.
Dans ton sac de l'eau, un fruit et non loin, le bruit de la terre sous tes pieds.
Tu resteras droit dans la nuit, ami des sous-bois, maudit fugitif aguerri.
Dans ton âme, des fables, des fantômes et l'écoeurante liberté.
Tu resteras droit devant les rires des bouches ouvertes et face aux dents de couteaux.
Dans ton ventre noeuds de couleuvres, vins et venins.

Tu pourras tourner le dos à la lumière et des murs décrocher les tableaux,
Rester là à deviner ce qui bat ou à ne deviner rien.
Tu pourras ôter le nez rouge, gommer le fard et le faux, et saluer enfin.
Rester là à écouter si l'on vient ou à n'écouter rien.
Tu pourras rêver la pluie, sortir ta cape et ton chien, frapper le sol
Rester là au tiède, au frais, au froid, ou à n'espérer rien.





6 mai 2020

N'est-il pas vrai qu'en Couserans co-habitent de puissants chants qui rivalisent avec les montagnes, de franches mains touchant à la laine, au bois, d'autres à la terre, des voix rocailleuses, des joueurs de balles qui poussent et cognent, des épices d'Orient, des parfums d'Asie, des citadins repentis, de courageux amoureux de cette terre. Puis il y a l'air et les rivières aux eaux cinglantes et au ciel le chant strident des rapaces. Et des chemins oubliés.
"Chemins noirs" d'ici, garants de mémoire, ils sont une manière d'habiter; s'y décèlent leurs entrelacs, s'y devinent des légendes; l'on y invoquerait les esprits d'anciennes sociétés. Au creux de jeunes forêts, d'anciens pâturages, territoires d'animaux sauvages.





21 mars 2020

Le monde est dans les starting-blocks.
Il ronge son frein.
On aiguise les couteaux, on se lime les dents.
On aligne les mots, poings en ordre de bataille.
Dans les jardins, mains cramponnées aux manches des tondeuses.
C'est le grand échauffement.
Toujours on optimise, toujours on éduque.
Ils ont quoi d'effrayants les murs ? Les blancs, les tapissés ?
Pourquoi doit-on encore remplir le temps s'il vous plaît ?
Ce temps "gratuit".
Ce temps-victoire des ratés, des sur-la-touche, des moins-que-rien ?
À eux, ça leur fait des vacances.
Pourtant ils le savent, la joie promise les mangera crus.
La lumière les sèchera.
C'est le grand échauffement.





19 mars 20219 

Au réveil c'est un uppercut que tu te prends.
Les oiseaux pourtant t'avaient prévenu.
Mais rien n'y a fait, elle t'attendait au saut du lit.
La lumière.